Maison de Nahïlée et ses Maîtres

La Femme Chat secoue la tête.

"Mon âge? Je sais plus... Je... crois que j'avais 15 ans quand Damaris s'est fait attaquée... Oui, ça doit être ça puisque mon père me cherchait un époux parmi les Familles les plus influentes du Royaume... Ca faisait longtemps, je crois, mais je ne sais plus exactement... Peut-être un an, ou dix? On perd la notion du temps sous terre..."

Elle vous fait un sourire désolé, elle ne sait pas vous en dire plus.

Gabrielle se met à regarder un mur de la pièce d'un air mélancolique, perdue dans ses souvenirs.

"Avant de me retrouver ici?" finit-elle par dire. "Une longue histoire, un peu étrange, que je n'ai pas compris moi-même... Disons simplement que je suis née un jour néfaste, qui m'a fait maudite, et que Shira a tout fait pour me protéger quand j'ai provoqué indirectement la ruine de Damaris... Je crois que ma malédiction l'intéressait, même si je ne comprends pas... Finalement, c'est peut-être mieux qu'elle me l'ait prise, même si j'en ai récupéré la sienne? Enfin... Je sais pas, je sais plus..."

Elle poussa un soupir triste, comme si elle ne savait vraiment plus que penser de tout ça...

La fille reste un moment songeuse, hésitante... Avant de finalement commencer une ébauche de réponse:

"C'est... Difficile à expliquer. Tu le vois dans le regard des autres, tu ressens la peur que tu leur inspire mais... Il n'y a aucune explication, rien! Juste une malédiction, et c'est tout..."

Gabrielle leva alors son regard, pour le braquer sur votre visage.

"Avec mon ancien corps, et ma malédiction, tu aurais tremblé de peur, comme si j'allais à tout moment sortir un couteau pour t'égorger... Une crainte irrationnelle qui les prenait rien qu'en me voyant, alors qu'il n'y avait rien!"

Pour une malédiction, c'est une drôle de malédiction...

La fille hoche la tête d'un air encore un peu perturbé, certes, mais elle semble avoir repris son calme.

"Shira... Shira était une amie de notre famille, on raconte même que ce serait elle qui nous aurait fait venir ici... Mais elle n'a pas pu nous protèger tous lorsque Damaris est tombée... je... je n'ai jamais compris pourquoi elle m'a pris moi, la maudite, je suppose qu'elle a ses raisons mais... Enfin depuis elle veille sur moi vous comprenez?"

Elle semble quelque peu hésiter, avant de finalement vous demander:

"Connaissez-vous l'Angélique à la Lame Pourpre?"

... Pardon? Qu'est-ce que c'est? Jamais entendu parler...
Gabrielle, qui continue de scruter votre visage, fronce les sourcils devant votre ignorance.

"Bizarre, j'avais cru comprendre que tout l'Enfer était fasciné par ce tableau... Mais disons en quelque sorte que c'est... c'était moi... Enfin pas très fidèle comme représentation, l'artiste était à moitié fou et je ne crois pas qu'il m'ait vu distinctement! Je ne l'ai jamais vu de mes propres yeux mais d'après ce qu'on m'a dit c'est très ressemblant... Vous êtes sure de pas connaître?"

La Femme Chat ouvrit de grands yeux écarquillés, elle semble avoir du mal à le croire.

"Mais alors tu es comme..."

Mais les mots semblent lui manquer, sa bouche s'ouvre et se referme, incapable de prononcer quoi que ce soit, puis son regard glisse sur votre pognet dont elle enlève en vitesse la manche, découvrant le bracelet qu'elle observe d'un regard qui oscille entre la fascination et la crainte.

"Je vois..." murmure-t-elle d'une voix aphone, les yeux fixés sur le bracelet...

Elle secoue la tête frénéziquement la tête, ne quittant pas le bracelet du regard.

"Non, jamais je ne l'ai vu, ce... Si peu sont au courrant de cette histoire, bien moi encore y croivent, mais... mais Mìra d'Evalona parlait d'un symbole, elle... elle disait qu'un jour une flamme viendrait du pays qui fut perdu au-delà des brumes, et qu'elle poterait à son bras le symbole de la Pureté Inviolable, et qu'elle..."

Elle s'arrêta un moment, secouant la tête comme si cela lui paraissait trop fou pour être vrai.

La Femme Chat deglutit difficilement.

"Nahïlée? C'est... c'est la prononciation démoniaque de Nehrilek, je crois, c'est... ce terme sous-entend une notion de protection, et de pureté aussi."

Un pâle sourire apparait sur son visage tandis qu'elle effleure délicatement le bracelet.

"Ne dit-on pas que la bave du crapeau n'attint pas la blanche colombe?"

Etonnée, la fille vous suit sans broncher.

[Sait rien rajouter de plus -_-' Désolé]

Hésitante, la Femme Chat commence à chercher dans les rayons. Elle finit par choisir un ouvrage, qu'elle tente de prendre mais immédiatement il lui échappe.

"Maudites griffes!" jure-t-elle.

Avec plus de précautions cette fois, elle le reprend et feuillette quelques instants, avant de le remettre en place pour en prendre un autre. Elle continue ainsi pendant plusieurs minutes, avant de pousser un cri d'exclamation.

"Là! Exactement ce que je cherchais, c'est une copie magique, exacte ressemblance à l'original..."

Jetant un oeil sur ce qui semble être la version magique de la photographie, vous ne voyez... qu'un visage en fait, celui d'une fille blonde étrangement envoûtante aux yeux fermés. Sereine et pure, c'est les seules choses qui viennent à l'esprit, si ce n'est la tache plus sombre au niveau du torse.
Eclipsé par la beauté du visage, on peut voir en se concentrant une petite lame argentée, maculée d'un sang qui s'écoule sur sa robe blanche...
En regardant du plus près, on peut même apercevoir, dans le fond, le corps d'un homme agonisant s'affaisser contre le mur... Etrange toile, belle et cruelle à la fois.

Gabrielle secoua la tête, impuissante.

"Je ne sais pas grand chose, j'ignore même où l'artiste a bien pu me voir mais il s'agit bien de moi... D'a... D'après la légende urbaine ce gars-là était un débile incapable de quoi que ce soit, qui a été témoin du meurtre de son père... Personne n'a jamais compris pourquoi il a représenté le meurtrier sous les traits d'un Ange, ce n'est pas moi, bien sur, je m'en serais souvenue je crois, mais... Enfin c'est resté, et on l'appelle Angélique à la Lame Pourpre."